Une histoire de la musique

Pourquoi avoir intitulé cette série d’articles « Une histoire de la musique » et non « L’histoire de la musique » ? Si l’on choisit « l’histoire » plutôt que « une histoire », c’est que l’on prétend à une certaine exhaustivité, ce qui ne sera pas le cas dans les pages qui vont suivre. Réussir à embrasser l’ensemble des époques, des cultures, des genres, des styles, des écoles… nécessiterait de réunir une telle somme de connaissances qu’un seul individu, aussi érudit soit-il, n’y suffirait sans doute pas.

L’objectif visé ici est fournir les clés d’une meilleure compréhension de la musique dite savante, ou classique, parce qu’elle est à la fois la plus et la moins connue. La plus connue car on parle d’elle comme de la « grande musique » quand on l’évoque, tant elle représente dans l’inconscient collectif la musique par excellence. La moins connue car dans les faits elle n’intéresse qu’un cercle de plus en plus restreint de connaisseurs. En déterminer les raisons susciterait un débat dépassant les limites que se sont fixées ces pages. Souvent, pour un public non averti, musique classique rime avec musique ennuyeuse. On imagine une musique pensée par des individus hors du temps et de l’espace, appelés grands musiciens, élaborée avec complexité pour n’être écoutée et comprise que par des érudits.

En resituant la musique dans un contexte culturel et matériel concret à travers les époques, cette histoire tente au contraire de montrer que la création musicale, aussi savante soit-elle, n’est qu’une grande aventure humaine et sociale qui puise ses sources dans les réalités temporelles. C’est la compréhension de cette évolution qui en donne les clés.  Dans cet esprit, il ne sera pas question ici de retracer dans ses moindres détails les événements d’une époque, mais plutôt d’en dégager les lignes de force déterminantes.

Pour rédiger cette histoire, je me suis appuyé sur les sources suivantes :

- Histoire de la musique, Jaqueline Jamin, éditions Alphonse Leduc
    - Toutes les clés pour explorer la musique classique, Michèle Lhopiteau-Dorfeuille,
       éditions le bord de l’eau
    - Guide illustré de la musique, Ulrich Michels, éditions Fayard
    - L’encyclopédie libre en ligne Wikipédia
    - L’Encyclopédia Universalis

AVERTISSEMENT

Il est impossible de rédiger une histoire de la musique cohérente et attrayante sans l’illustrer d’exemples sonores, mais cela n’est pas chose simple compte-tenu du problème de droits d’auteur, d’éditeur et d’interprète. Quelle est la part entre ce qui relève du droit de citation à visée pédagogique, et la violation de ces droits ? Je ne suis pas juriste, et suis bien incapable de répondre précisément à cette question. Sur le site ont été privilégiés les enregistrements tombés dans le domaine public ou libres de droits lorsque cela a été possible.  Pour les autres, si un ayant droit constatait une infraction quelconque à la législation il lui suffirait de me le signaler grâce au formulaire de contact en précisant quel extrait enfreint la législation. Il sera aussitôt retiré du site. 

Le but de cette rubrique n’est certainement pas d’inciter à se soustraire à la juste rétribution des artistes. La musique classique est généralement délaissée par le grand public qui ne dispose pas des clés lui permettant de la considérer autrement que comme un domaine hermétique réservé aux spécialistes. Je suis persuadé que si un des extraits proposé contrevenait à la législation, les artistes n’en seraient pas pour autant lésés car si ce site atteint son but, le manque à gagner sur cet extrait sera largement compensé par les achats ultérieurs de musique que ne manqueront pas de faire les visiteurs à qui il aura donné les moyens et donc l’envie de s’intéresser à la musique dite classique.

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Les origines

Il n’est pas possible de savoir avec certitude ce que pouvait être la musique à ses origines. On peut tout au plus avoir une idée de l’époque où sont apparus certains instruments de musique grâce aux objets retrouvés lors de fouilles, aux peintures rupestres, ou grâce aux bas-reliefs (peintures murales) que l’on a découverts sur des bâtiments. Mais la musique existait très certainement avant ces instruments. Dès la préhistoire les hommes pouvaient créer des mélodies avec leurs voix, ou bien utiliser ce qu’ils trouvaient autour d’eux dans la nature pour émettre des sons.

Ils pouvaient ainsi :

- faire des battements sur des rythmes frappés par les mains, les pieds, les jambes ou avec l’aide de bâtons ;

- émettre des sons en frappant sur des pierres, des morceaux de bois ou bien en raclant ;

- souffler dans des tubes de roseau, dans des cornes d’animaux ;

- faire vibrer les cordes de leurs arcs de chasse.         

Les instruments les plus anciens connus sont des sifflets taillés dans des os de rennes, vers la fin du Paléolithique.

Walter Maioli est un musicologue, chercheur en archéologie musicale, qui s’est particulièrement intéressé aux musiques des origines. Il a ainsi réalisé des enregistrements de sons produits uniquement à partir de l’environnement naturel, tel qu’il pouvait être à l’époque préhistorique. 
Extrait de l'un de ces enregistrements dont la référence est:
MUSICAL INSTRUMENTS FROM PREHISTORY. THE PALEOLITHIC, Walter and Luce MAIOLI, HIC SUNT LEONES, 1991.
Site officiel: http://www.soundcenter.it

Lorsqu’on observe certaines peuplades d’aujourd’hui qui ont vécu de manière isolée, on a encore une autre indication nous permettant d’imaginer la musique de la Préhistoire. Les rythmes permettent d’accompagner des actions de la vie quotidienne : marcher, travailler la terre, broyer du grain... Les mélodies fredonnées avec la voix ont une fonction religieuse : faire des incantations aux dieux auxquels on croit pour obtenir leurs faveurs, éloigner les mauvais esprits, communiquer avec les bons esprits... Elles ont aussi une fonction sociale : endormir ou calmer les enfants, s’amuser lors de fêtes, danser...

Ces musiques se transmettaient de façon orale.

Sons produits par un instrument aux origines très anciennes, le didgeridoo, instrument à vent utilisé par les aborigènes du nord de l'Australie, fabriqué à partir d'une branche d'eucalyptus creusée naturellement dans toute sa longueur par des termites.

 Chants de chasse de pygmées Aka.

Musiciens de Micronésie (archipel d’îles du Pacifique situées près de la Nouvelle Guinée) jouant sur une pierre sonore.


Lien vers la vidéo


En résumé : c’est à la Préhistoire qu’ont été inventés la musique et les premiers instruments de musique !

 

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L'Antiquité

Après la Préhistoire des hommes ont réfléchi au fonctionnement de la musique et ont essayé  d’établir des règles.

Les instruments de musique de l’Antiquité que nous connaissons appartiennent à trois familles :

les instruments à percussion, comme les tambours, timbales, cymbales, sistres, crotales, tambourins... 

- les instruments à vent ; en soufflant dans des tubes plus ou moins gros, plus ou moins long, on obtient des sons que l’on peut faire varier. Ainsi on invente des trompettes droites ou courbes, des trompes, des flûtes.

- les instruments à cordes pincées : en pinçant avec les doigts des cordes tendues, on obtient des sons différents selon la longueur de la corde. Ainsi on invente des harpes, des cithares, des lyres... 

En Europe, les grandes civilisations de l’Antiquité pour lesquelles nous avons retrouvé des traces de musique ou d’instruments sont les suivantes :

- L’Égypte, pour laquelle nous n’avons pas de trace d’écriture musicale, mais les bas reliefs permettent de savoir que la musique représentait quelque chose d’important dans la vie quotidienne.  

 -  La Grèce où la musique joue également un rôle important dans la vie quotidienne. La musique sert à accompagner les poèmes, des chansons, des pièces de théâtre. Les cérémonies comme les mariages, les enterrements, les événements importants sont accompagnés de festivités musicales. Les Grecs ont inventé un système d’écriture de la musique basé sur l'alphabet. Ils utilisaient différentes gammes musicales, construites selon des écarts différents entre les notes, que l’on appelle des modes.

 L’académie des sciences autrichienne propose l’écoute d’extraits sonores réalisés sur des instruments grecs anciens reconstitués, ainsi que des mélodies basées sur des fragments de musiques d’époque qui nous sont parvenus. Les extraits qui suivent proviennent du site officiel : http://www.oeaw...

 

L’aulos est un instrument à vent et à anche formé d’un long tuyau, généralement joué en double


 

 

La cithare est un instrument à corde de la famille de la lyre. Sont exposées dans cet extrait les différentes techniques de jeu.


 

L’ensemble Kerios propose des œuvres musicales à partir de partitions d’époque jouées sur des instruments reconstitués.
Site officiel d’où est tiré cet extrait : http://www.kerylos.fr
Hymne à la Trinité, voix et instrument à corde

- Rome. Les Romains vont apporter peu de choses sur le plan musical, mais c’est à cette époque que progressivement la musique va se séparer de la poésie, c’est-à-dire que l’on joue d’un ou plusieurs instruments de musique sans qu’ils accompagnent une voix. Vers la fin de l’Antiquité, avec le développement de la religion chrétienne, vont se préciser deux grands courants de musique : la musique religieuse qui sert à accompagner les rites religieux, et la musique profane, c’est-à-dire celle que l’on fait en dehors des événements religieux.


En résumé : dans l’Antiquité sont apparus beaucoup d’instruments de musique et le début d’un répertoire populaire (le folklore). Les Grecs nous ont légué le principe des différents modes et des pièces de théâtre chantées.Une distinction commence à s’établir entre musique profane et musique religieuse.

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Le Moyen-âge

Musique religieuse

La religion chrétienne occupe une place importante dans la société occidentale au Moyen âge. Aussi une grande part de la musique de cette époque sert la religion.

Durant le VIème siècle le pape Grégoire va codifier les prières afin qu’elles soient identiques dans l’ensemble du monde chrétien. Les chants ainsi codifiés s’appellent alors chants grégoriens

Le chant grégorien, jusqu’à l’an mille, n’est chanté que par des voix d’hommes, et toujours sans accompagnement d’instruments musicaux.

Il est d’abord monophonique, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une seule ligne mélodique chantée à l’unisson. On peut toutefois entendre parfois une seconde voix en bourdon, une voix chantant de façon continue sur une même note.

Chant grégorien - Terra tremuit (la Terre tremble) - extrait
Chants de l’église de Rome par l’ensemble Organum dirigé par Marcel Peres - Harmonia Mundi.

 

 Aux environs de l’an mille des religieux eurent l’idée d’ajouter une seconde voix à la mélodie, en la chantant 5 notes au dessus (quinte).

Explication de l’organum parallèle
 Voici la voix principale d'un extrait d'un chant grégorien, Sit Gloria Domini, jouée au piano


Voici la même mélodie jouée 5 notes au dessus 

 

Voici maintenant les deux voix jouées ensemble

C’est le début de la polyphonie, c’est-à-dire que l’on chante plusieurs voix différentes en même temps, de telle façon que ces différentes voix s’harmonisent entre elles. On rajoutera par la suite d’autres voix, on chantera des voix qui ne sont pas strictement parallèles à la première.

Chant polyphonique - Extrait de « La Passion du Christ »
par l’ensemble Organum dirigé par Marcel Peres


 

Vers le 14ème siècle apparaît un renouveau musical, nommé l’Ars nova. Apparaissent alors des compositions à 3 ou 4 voix, avec parfois un accompagnement musical.

Guillaume de Machaut – Messe de Notre Dame – Kyrie -extrait
Ensemble Organum dirigé par Marcel Peres - Harmonia Mundi

A partir du 10ème siècle on peut également entendre des drames sacrés. Ce sont des pièces religieuses qui sont jouées et chantées dans l’église ou sur le parvis. Ce sont les Mystères ou les Miracles.

Musique profane

La musique non religieuse est appelée musique profane. Mais la frontière entre musique religieuse et musique profane n’est pas absolue ; certaines œuvres musicales mélangent religieux et profane.

Des musiciens se déplacent de ville en ville, de château en château pour faire entendre leurs chants. On les entend lors de fêtes, de mariages, pendant les veillées au château. Ils accompagnent les danses.  On les appelle les Troubadours dans le sud de la France, et les Trouvères dans le nord.  Les paroles font appel à tous les genres : chanson galante (pour séduire les dames), chansons guerrières qui relatent les exploits de héros réels ou imaginaires, chansons comiques…

Guiraut de Borneilh – Leu chansoneta
Ensemble Tre fontane – Le chant des troubadours - volume 2


Musique instrumentale

Des musiciens accompagnent les jongleurs, animent les fêtes, les cérémonies, jouent pour les danseurs. On parle de musique instrumentale lorsqu’il n’y a que des instruments et pas de voix. Les occidentaux partis combattre aux Croisades ramenèrent d’Orient des instruments encore inconnus. Dans les instruments du Moyen âge  nous trouvons des percussions (tambours, cymbales, timbales…), des instruments à vent (trompettes, flûtes, cors, cornemuses…), des instruments à cordes (vielle, rebec – ancêtre du violon-, harpe, psaltérion, luth…).

Estampita
Ensemble Tre fontane – L’art des jongleurs -  volume 2


L’écriture musicale

Les Grecs avaient eu l’idée d’indiquer les notes en leur associant une lettre de l’alphabet. Ce système avait l’inconvénient de ne pas indiquer la hauteur de la note, ni le rythme.

Pour se rappeler comment chanter leurs prières les moines commencèrent par placer des accents au dessus des syllabes, les neumes, permettant de savoir si la note était plus aigüe ou plus grave.

Puis à partir du 10ème siècle on eut l’idée d’utiliser des lignes horizontales servant de repère pour la hauteur des sons. Voilà l’origine de la portée. Les notes étaient représentées pas des carrés, et leur durée (le rythme) n’était pas indiqué. Les moines s’appuyaient pour cela sur les syllabes du texte à chanter.

Puis vers le 12ème siècle on commença à préciser les durées par des signes ou des formes de notes différentes. A la fin du Moyen-âge on aboutira au système de notation telle que nous l’utilisons aujourd’hui.


En résumé : Au Moyen-âge est apparue la musique polyphonique. Nous devons également à cette époque la notation musicale telle que nous l’utilisons de nos jours et de nombreux instruments rapportés d’Orient.

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La Renaissance (fin XVème à fin XVIème siècle)

Musique religieuse

La musique polyphonique religieuse va s’exprimer pleinement dans deux formes musicales : les messes et les motets. Les messes sont des textes de l’Ordinaire (les textes invariables de la liturgie catholique) tandis que les motets sont des compositions libres sur des paroles latines. L’un des grands maîtres de l’époque est italien, Giovanni Pierluigi de Palestrina.

Palestrina – extrait de la messe "Missa Sicut lilium inter spinas"

 

La Réforme (mouvement de contestation religieuse qui conduira à la formation de l’Eglise réformée, le protestantisme) sera source d’une nouvelle forme musicale, le Choral. Il s’agit de musique polyphonique religieuse mais sur des textes en langue non latine.

Musique profane

Dans la chanson française vont apparaître à la fin du Moyen-âge les formes constituées de couplets et refrain : ballade, rondeau, virelai.

La polyphonie va là aussi s’exprimer pleinement et beaucoup d’œuvres à 4 voix mixtes (sopranes, alti, ténors, basses) datent de cette époque. Certaines compositions sont descriptives, c’est-à-dire cherchent à reconstituer par les sons ce qui est évoqué.

Clément Janequin - Le chant des oiseaux - extrait
Ensemble Clément Janequin

En Italie naît une forme de chant polyphonique descriptif proche de la chanson française, le madrigal. Le grand maître en est Monteverdi.

Monteverdi – Le lamento de la nymphe
Edwin Loehrer, Societa Cameristica De Lugano

Musique instrumentale

La Renaissance voit de grands progrès techniques dans la fabrication des instruments.  Mais on n’écrit pas encore de musique exclusivement pour eux ; ils jouent des airs initialement prévus pour la voix. On entend les instruments seuls surtout pour les danses.

Gervaise – Branles de Champagne - extrait
Musique à danser de la Renaissance française – Compagnie Maître Guillaume

L’écart musical de tierce, qui a commencé à faire son apparition au Moyen-âge, n’est véritablement considéré comme consonant qu’à la Renaissance. Si, par la polyphonie, on superpose empiriquement des notes jouées simultanément, on ne commence à parler de notion d’accord qu’à la Renaissance.


En résumé : La polyphonie musicale atteint son apogée à la Renaissance avec les 4 voix mixtes soprane, alto, ténor et basse. C’est à cette époque que va s'imposer l’accord à trois sons incluant la tierce.

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Le Baroque

En musique, le Baroque désigne une époque d’environ 150 ans, débutant à la fin du XVIème siècle et finissant en 1750 avec la mort de J.S. Bach.

Musique instrumentale

C’est à cette époque que va véritablement naître la musique instrumentale, c’est-à-dire que des compositeurs vont écrire des œuvres pour instruments de musique et non plus uniquement pour la voix. En effet, le perfectionnement des instruments à cette époque leur permet de plus grandes possibilités que la voix, notamment en ce qui concerne l’étendue des notes, la rapidité d’exécution, la puissance sonore.

Voici les instruments qui sont apparus ou qui ont été perfectionnés à cette époque :

- le clavecin ;
     - le trombone à coulisse ;
     - la flûte à bec ;
     - les grandes orgues à tuyaux ;
     - le hautbois ;
     - la clarinette; 
     - le violon qui va trouver sa forme définitive grâce au grand luthier Stradivarius.

Le clavecin est l’instrument phare du Baroque, et l’un des moyens presque infaillible de reconnaître une œuvre de cette époque.

Après la polyphonie de la Renaissance, on adopte la monodie, le chant à une voix, soutenue par une basse instrumentale jouée au luth, au clavecin… Ce soutien s’appelle la basse continue.

Les œuvres de musique instrumentale vont se présenter sous différentes formes.

La fugue trouve son origine dans le canon : c’est une musique polyphonique dans laquelle les différentes parties ou voix entrent les unes après les autres.

J.S. Bach – fugue
Toccata et Fugue en Fa# mineur - BWV 910, Marcelle  Meyer, 1947
Domaine public


 

La suite trouve son origine dans la danse : il s’agit d’une succession de quatre pièces à danser, alternant tempos lents et rapides.

Haendel : suite pour clavecin – Extrait : prélude et allemande
Suite n° 1 in A major, Simone Stella au clavecin
Enregistrement libre de droits

 

La sonate remplacera la suite : les quatre danses traditionnelles de la suite se transformeront en quatre mouvements sur un même thème.

Dans le concerto, un instrument soliste dialogue avec un orchestre. Le concerto est construit comme une sonate, avec trois ou quatre parties ou mouvements.

Vivaldi : Les quatre saisons - L’hiver
Concerto No. 4 en Fa minor (L'hiver) – John Harrison with the Wichita State University Chamber Players
Enregistrement libre de droits

 

Musique vocale

De nouvelles formes de musique vocale vont apparaître à cette époque.

C’’est en Italie que va naître l’opéra. L’opéra est un drame chanté et joué, s’inspirant en général d’un événement de la mythologie antique.

Claudio Monteverdi – Orfeo - acte 2
Helmut Krebs (Orfeo), Instrumentalkreis der Sommerlichen Musiktage Hitzacker, August Wenzinger, Beethoven-Saal, Hannover, Archiv Produktion, 1955 - 14057 APM
Domaine public

 

L’oratorio va aussi prendre naissance en Italie. C’est une musique vocale religieuse. Il s’agit d’un drame religieux chanté mais non joué.

Carissimi – Jephte - Plorate filii Israel (final chorus)  - extrait
Judicium extremum, Jonas, Jephté, Sir John Eliot Gardiner / The English Baroque Soloists - Warner / Erato Disques

 

La cantate désigne soit un petit oratorio, soit un oratorio écrit sur des textes profanes.

Les grands compositeurs

De grands compositeurs aujourd’hui encore très célèbres ont vécu à cette époque :

- les Italiens Monteverdi, Vivaldi, Pergolèse, Scarlatti ;

- les Allemands Jean-Sébastien Bach et Haendel;

- l’Anglais Purcell ;

- les français Lulli (ou Lully), Rameau, Couperin.


En résumé : C’est à l’époque baroque que naît véritablement la musique instrumentale et ses formes musicales comme le concerto, la fugue, la suite, la sonate. De nombreux instruments apparaissent ou se voient perfectionnés : le clavecin, les grandes orgues, le trombone à coulisse, le hautbois, le basson,  le violon qui trouve sa forme définitive. En musique vocale apparaissent l’opéra et l’oratorio.

 

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L'époque classique

La période classique s’étend sur une cinquantaine d’années, de 1750 à la fin du 18ème siècle.

L’invention du pianoforte (qui deviendra un peu plus tard notre piano moderne) va contribuer à des changements dans la manière de concevoir la musique. Le pianoforte permet des nuances dans le jeu que ne permettait pas le clavecin : on peut jouer les notes plus ou moins fort ; les notes peuvent durer.

Partition de W. A. Mozart,  Fantaisie C Dur (1782),
jouée par un échantillonneur de sons sur la base d’un enregistrement d’un  pianoforte de Johann Andreas Stein construit à Augsburg en 1793.

 L’abandon du principe de la basse continue pour la construction des œuvres permet de se concentrer davantage sur la mélodie, d’écrire des lignes mélodiques plus simples, de la rendre prioritaire par rapport à l’harmonie et la polyphonie.

Extrait de l’opéra Orphée et Eurydice de Gluck.
Danse des esprits bienheureux - Arthur Rother, Staatsoper Orchestra Berlin, 1951
Domaine public

Les formes musicales

A cette époque la création musicale est strictement encadrée par des règles que les compositeurs se doivent de respecter. De nouvelles formes musicales apparaissent.

La symphonie dérive de la suite ; c’est une suite pour orchestre réduite à quatre parties appelées mouvements. Le 1er mouvement est toujours enlevé, le second est lent ; le 3ème est un menuet à 3 temps et le 4ème et dernier mouvement est rapide (il s’agit souvent d’un rondeau avec couplets et refrain).

Haydn – Symphonie n°94, La surprise – Extraits - Début des 4 mouvements
Concerto. Haydn (CON-23), Hans Knappertsbusch, orchestre philharmonique de Berlin, 1954
Domaine public

 

Complément sur la symphonie N°94

Le 1er mouvement fait appel aux timbales ; le second mouvement est construit sur un thème proche d’une comptine enfantine soudain ponctuée d’un accord très puissant faisant sursauter, ce qui a donné son nom à la symphonie (La surprise) ; le troisième mouvement est un menuet proche d’une valse ; le 4ème est un rondo.

 

La sonate prend sa forme définitive. Le compositeur doit bâtir le premier mouvement à partir de deux thèmes principaux aussi différents que possible, qui sont d’abord présentés, puis combinés entre eux et enfin à nouveau exposés à la fin du morceau. Ce schéma s’étendra aux symphonies, quatuors et concertos.

Les grands compositeurs

Les grands musiciens de cette époque sont :

- les Autrichiens Haydn et Mozart ;

- les Allemands Beethoven, Gluck et les fils de Bach :Carl Philipp Emmanuel, Jean Chrétien.


En résumé : A l’époque classique naît le pianoforte qui va contribuer à modifier la manière de concevoir la musique. On abandonne le principe de la basse continue et l’on se concentre davantage sur la mélodie. La forme symphonie apparaît et la sonate prend sa forme définitive.


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Le Romantisme

La période romantique s’étend du début du 19ème siècle au début du 20ème siècle. Le Romantisme est un mouvement artistique qui s’est d’abord exprimé en littérature avant de s’étendre à la musique. Il est caractérisé par l’expression des émotions alors que l’époque classique était marquée par son rationalisme. Cela s’exprime par un contraste des nuances, des tempi fluctuants, l’exagération dans les sentiments et l’orchestration, l’amour de la nature, le goût du fantastique et du surnaturel.

Beethoven - Sonate pour piano n°8, en ut mineur, op 13 "pathétique" – 1er mouvement
Maria Grinberg, piano, Beethoven, Sonate n°8, opus 13 “Pathétique” (1951)
Domaine public


 

Berlioz invente l’orchestre symphonique moderne qui comporte plus de 100 musiciens, augmente le nombre des cuivres et use systématiquement des percussions.

Berlioz – Symphonie fantastique – 5ème mouvement « Songe d’une nuit de sabbat »
Boston Symphony Orchestra, Georges Prêtre, RCA/BMG, 1969
Domaine public


L’ouverture d’opéra était initialement destinée à obtenir le silence du public avant que ne débute la représentation. Elle prend désormais la forme d’une sorte de résumé de l’œuvre dans lequel sont exposés les thèmes à venir.

Bizet – Ouverture de Carmen
Paris Opera Orchestra, Rafael Fruehbeck de Burgos, EMI, 1969-1970
Enregistrement libre de droits


Le piano-forte est prédominant car, compte-tenu de ses possibilités musicales et acoustiques, il permet de jouer seul et de façon expressive. Il va évoluer durant cette période pour s’approcher de ce qui deviendra notre piano moderne.

L'Allemand Johann Nepomuk Maelzel invente le métronome qui permettra enfin aux compositeurs de fournir des indications précises de tempi sur lesquels jouer leurs œuvres.

La musique de chambre

Depuis l’époque baroque des musiciens ont écrit des œuvres pour de petites formations musicales de 2, 3, 4, 5… (jusqu’à parfois plus de 10) musiciens, destinées à être jouées devant des particuliers (nobles ou amateurs fortunés). Ces formations se nomment duo, trio, quatuor, quintette, etc. en fonction du nombre de musiciens. Cette musique, qui n’est pas au départ destinée à être jouée en public, est appelée « musique de chambre ». La production en sera abondante pendant la période romantique.

Schubert – Quatuor à cordes – La jeune fille et la mort - andante con moto
String Quartet No 14 D. 810, Quatuor Calvet (1946)
Domaine public

Les formes musicales

Les musiciens de l’époque romantique vont se saisir de formes musicales existantes ou en créer de nouvelles leur permettant de s’affranchir des règles préétablies :

- les impromptus (composition instrumentale semi improvisée);

- les moments musicaux (pièce de musique généralement courte pour un seul instrument) ;

- les ballades (c’est un genre musical inventé au Moyen âge, tombé en désuétude au 16ème siècle) sont des compositions poétiques pour chant avec accompagnement musical;

- les fantaisies (la fantaisie existe depuis le XVIIème siècle mais va pleinement se développer pendant le romantisme);

- les nocturnes (pièce intimiste ayant pour prétexte la nuit, essentiellement destinée au piano).

Le lied (lieder au pluriel) est un chant en langue allemande, accompagné au piano ou par un ensemble instrumental, sur un texte poétique.

Des libertés sont prises avec les règles de composition des œuvres ; ainsi dans le quatrième mouvement de la 9ème symphonie Beethoven introduit pour la première fois des chœurs.

Beethoven – 9ème symphonie – extrait du 4ème mouvement final
Réf.: Symphonie no.9, Irmgard Seefried, Rosette Anday, Anton Dermota, Paul Schöffler Wiener Philharmoniker -  Wilhelm Furtwängler – Deutsche Grammophon, 1953
Domaine public


L’opéra italien triomphe en Europe avec Rossini, Puccini, Verdi, Bellini, l’opéra allemand avec Richard Wagner.

L’opéra comique prend son essor ; c’est une forme d’opéra dans laquelle les scènes chantées  alternent avec des dialogues parlés (sa dénomination ne tient pas au fait que le sujet en soit amusant).

L’opérette en est proche ; elle est d’un style plus léger, porte sur des sujets plus gais mais la fin n’en est pas toujours heureuse.

Les grands compositeurs

Voici quelques grands compositeurs de cette époque :

- les Allemands Beethoven, Schumann, Brahms, Wagner, Mendelssohn ;

- les Autrichiens Schubert, Mahler, Bruckner ;

- les Français Berlioz, Gounod, Bizet, Saint-Saëns ;

- le Hongrois Liszt ;

- le Polonais Chopin ;

- Les Italiens Verdi, Rossini, Puccini.


En résumé : La période romantique est caractérisée par l’importance accordée à l’expression des émotions. Le piano-forte occupe une place prépondérante et évolue pour devenir notre piano moderne. L’orchestre symphonique s’étoffe. De nouvelles formes musicales, plus libres, voient le jour. L’opéra comique et l’opérette prennent leur essor. Le métronome apparaît.

 

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Les écoles nationales

Dans la deuxième partie du 19ème siècle, le romantisme va permettre à des compositeurs d’exprimer leur patriotisme à une époque où les sentiments nationaux s’exacerbent, de nombreux peuples cherchant à gagner leur indépendance ou leur unité, surtout en Europe centrale et de l’Est. Ils cherchent à s’émanciper de l’influence culturelle allemande et autrichienne alors prépondérante. C’est ainsi que des écoles nationales apparaissent un peu partout dans le monde occidental, puisant le plus souvent leur inspiration dans la musique populaire de leur pays. Ce mouvement est encore une réalité aujourd’hui.

On voit ainsi naître :

- L’école italienne dans laquelle l’opéra occupe une place prépondérante, avec Verdi (Nabucco, La Traviata, Rigoletto, Otello, Falstaff…), Puccini (La Bohème, Manon Lescaut, La Tosca, Madame Butterfly…). A la fin du 19ème siècle apparaît le vérisme, courant artistique qui puise dans la réalité quotidienne le thème des opéras (vero = vrai en Italien).

Verdi – Nabucco – Va pensiero sull’ali dorante
Chorus and Orchestra of the Teatro alla Scala, Lovro von Matacic, EMI, recorded 1960

Domaine public

- L’école allemande avec Richard Wagner auteur d’opéras dans lesquels il met en scène la mythologie germanique (quatre opéras regroupés sous le nom de Tétralogie), Bruckner, Mahler.

Richard Wagner – Tanhaüser – ouverture
Zurich Tonhalle Orchestra, Otto Ackermann,1953

Domaine public

- L’école française avec Debussy, Fauré, Saint-Saëns ; Erik Satie à l’origine du « groupe des Six » et de l’Ecole d’Arcueil.

Claude Debussy, Prélude à l'Après-midi d'un Faune
André Pépin, flûte-solo, Orchestre de la Suisse Romande, 1957, Genève, Victoria-Hall
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Domaine public

- L’école russe est formée de 5 musiciens, surnommés le « Groupe des cinq » : Borodine, Moussorgski, Cui, Balakirev, Rimski-Korsakov qui eut pour élèves Glazounov, Stravinsky, Prokofiev. Rachmaninov en sera l’héritier. Citons également Tchaïkovski, Anton Rubinstein.

Moussorgsky – Tableaux d’une exposition (orchestration de Maurice Ravel) – Ballet des poussins dans leur coque
Chicago Symphony Orchestra, 1957, RCA Victor

Domaine public

- L’école tchèque, basée sur le folklore, avec Smetana, Dvorák, Janacek.

Antonin Dvorák – Suite tchèque – Polka
Tschechische Suite in D-Dur, Op. 39, Orchestra of the Amsterdam Philarmonic Society (Philarmonisches Orchester Amsterdam), Walter Goehr, 1958 ou 1959

Domaine public

- L’école hongroise avec Kodály (prononcer kodaï) et Bartók qui intégreront la musique folklorique de leur pays dans leurs compositions.

Bartók - Danse roumaine N°1
len W. Prillaman au piano

Domaine public

- L’école scandinave dont les représentants les plus connus sont le Norvégien Grieg et le Finlandais Sibelius.

Edvard Grieg – Peer Gynt – Le matin
Musopen Symphony Orchestra

Enregistrement libre de droits

- L’école espagnole avec pour représentants Enrique Granados, Isaac Albéniz, Manuel de Falla, dans un style marqué par des rythmes et mélodies caractéristiques de la péninsule ibérique.

Albeniz – Suite Española, Op. 47 – Leyenda
Gordon Rowland

Enregistrement libre de droits

- Les écoles américaines avec, pour l’Amérique du sud, le Brésilien Villa-Lobos et le Mexicain Revueltas,

Hetor Villa-Lobos – Bachiana Brasileira N° 5 - extrait
Bachianas brasileiras 1.5.7 – Barbara Hendricks, The Royal Philarmonic Orchestra, Enrique Bátiz – EMI - 1986

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et pour l’Amérique du nord Georges Gershwin, Leonard Bernstein, Copland qui s’inspirent de la musique noire américaine et du jazz.

Georges Gershwin – extrait de Rhapsody in blue
Herbert Heinemann, piano, Omar Lamparter, clarinette, Nordwestdeutsche Philharmonie, Wilhelm Schüchter, Bielefeld, Rudolf- Oetker-Halle, 1954, Imperial ILP 172

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En résumé: Les musiciens romantiques trouveront dans les aspirations nationalistes qui vont surgir surtout dans la seconde moitié du XIXème siècle matière à exprimer leur patriotisme. Vont ainsi naître à travers le monde occidental de nombreuses écoles nationales puisant leur inspiration dans la musique populaire de leur pays.

 

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La musique moderne - 1ère moitié du XXème siècle

De nouvelles voies

A la fin du XIXème siècle des compositeurs tentent d’explorer de nouvelles voies dans la composition musicale. Se dégagent ainsi quelques lignes directrices fortes dans la manière de concevoir la musique.

Remise en cause du système tonal

Depuis la Renaissance, la musique occidentale est fondée sur ce que l’on appelle le système tonal avec un ensemble de règles et de lois régissant la manière d’écrire des mélodies et de les harmoniser.

Complément sur le système tonal

Le système tonal est caractérisé par un ensemble de 7 notes, dont notre fameuse gamme de Do est le modèle, notes qui entretiennent entre elles des rapports particuliers :
-    Les écarts « musicaux » entre les notes ne sont pas tous équivalents. En musique occidentale, le plus petit écart musical utilisé est le ½ ton.
Voici quels sont les écarts musicaux entre les notes de notre gamme de Do :

-    Lorsque l’on utilise ces notes dans le but d’écrire une mélodie, elles exercent entre elles des phénomènes de tension et de détentes qui tendent à « imposer » à l’oreille l’utilisation de certaines d’entre elles plutôt que d’autres. La première de ces notes de la gamme (appelée tonique) et la cinquième (appelée dominante) jouent un rôle fondamental.
Voici une mélodie de 5 notes jouée en partant de la tonique. Les quatre premières sont toujours les mêmes : I    III     V     VI    (les chiffres romains représentant la position de la note dans la gamme, I est la première note, III est la troisième etc.)
Seule la dernière note jouée change. Ecoutez les effets produits :

La dernière note jouée est la note de degré I



La dernière note jouée est la note de degré II



La dernière note jouée est la note de degré III



La dernière note jouée est la note de degré IV



La dernière note jouée est la note de degré V



La dernière note jouée est la note de degré VI



La dernière note jouée est la note de degré VII

Certaines lignes mélodiques donnent la sensation d’une phrase mélodique complète, tandis que d’autres appellent une suite ou bien encore ne donnent pas le sentiment d’une mélodie mais d’une simple suite de notes sans cohésion.

Afin d’enrichir, d’élargir l’univers musical, des compositeurs tentent de dépasser ce système. Claude Debussy fit usage de gammes dont les notes sont séparées par des tons entiers et non des demi-tons.

Voici un exemple de gamme de 6 notes, toutes séparées par un ton entier.
Ecoutez l’effet produit.


On entend nettement des montées et descentes de notes d’une telle gamme dans le morceau suivant.

Claude Debussy – Images - Cloches à travers les feuilles - John Anderson
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Ravel n’hésitait pas à faire appel aux dissonances, c’est-à-dire à jouer ensemble des notes dont l’association n’est pas considérée comme harmonieuse dans le système tonal.

Maurice Ravel – Valses nobles et sentimentales – Thérèse Dussaut
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Des compositeurs avaient auparavent fait usage de notes appartenant à des tonalités différentes, tels que Beethoven, Wagner, Liszt, mais comme un simple élargissement des possibilités de composition de la musique tonale. Au XXème siècle des musiciens font appel à la polytonalité, c'est-à-dire à l'utilisation simultanée de notes appartenant à des tonalités différentes.

Explication de la polytonalité

Première phrase de Frère Jacques jouée dans le ton de Do majeur



Seconde phrase de Frère Jacques jouée cette fois dans le ton de Sol majeur



Voici l’effet obtenu en jouant ces deux phrases dans ces deux tonalités différentes en même temps

Igor Stravinsky y aura recours de façon plus novatrice, jusqu’à la dissonance. La polytonalité sera théorisée et utilisée largement par Darius Milhaud.

Darius Milhaud - Le Carnaval d'Aix, Fantaisie pour Piano et Orchestra

Schönberg et ses élèves Berg et Webern avec lesquels il formera ce qu’on appellera la seconde école de Vienne (en référence à la première école de Vienne constituée de Haydn, Mozart et Beethoven), chercheront à s’émanciper complètement du système tonal. Ils remettent en cause la hiérarchie entre les notes pour considérer chacune d’elle comme aussi importante que les autres. Ils aboutiront au dodécaphonisme et à la musique sérielle. On parlera dès lors de musique atonale.

Dodécaphonisme et musique sérielle

Nous avons vu dans la partie "Complément sur le système tonal" que la gamme de Do est constituée de 7 notes ayant des écarts musicaux inégaux. Si l’on reconstitue cette gamme en partant de la seconde note de la gamme, Ré, et en conservant les mêmes écarts entre chaque note, on crée la tonalité de Ré. Il faudra pour cela créer de nouvelles notes, éloignées d’un demi-ton de celles que l’on utilise dans la gamme de Do. Pour indiquer que l’on augmente une note d’un demi-ton, on utilise le symbole # (dièse). Pour indiquer que l’on baisse une note d’un demi-ton, on utilise le symbole b (bémol). Pour la tonalité de Ré nous aurons donc besoin d’un Fa# et d’un Do# comme on le voit ci-dessous :

Tonalité de Do


Tonalité de Ré


On peut ainsi constituer la gamme des notes nécessaires à toutes les tonalités. Changer de tonalité sert par exemple à adapter une mélodie à un instrument de musique spécifique, ou aux capacités vocales d’un chanteur pour lequel cette mélodie serait trop grave ou trop aiguë. On s’aperçoit que pour écrire n’importe quelle mélodie dans n’importe quelle tonalité, il suffit de 12 notes :

Do, Do# (ou Réb ),    Ré, Ré# (ou Mib ), Fa, Fa# (ou Solb ), Sol, Sol# (ou Lab ),  La, La# (ou Sib ), Si, Do

Cet ensemble de notes s’appelle la gamme chromatique. Elle est visualisable sur le clavier d’un piano, sur lequel les touches blanches représentent les notes Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si et les touches noires les notes intermédiaires situées à un ½ ton : Do# (ou Réb ),Ré# (ou Mib ), etc. Lorsque que l’on écrit une musique dans une tonalité, on n’a pas besoin de toutes ces notes, 7 suffisent. Les autres ne sont là que comme réserve de notes pour jouer la musique dans une autre tonalité.

Schönberg décide de ne plus utiliser les notes en fonction des tonalités, mais d’utiliser toutes les notes de la gamme chromatique en considérant chacune d’elle comme aussi importante que les autres. C’est pourquoi l’on parle de dodécaphonisme, étymologiquement le préfixe dodéca signifiant 12.

Arnold Schönberg – Pierrot lunaire


Plus tard Schönberg ira encore plus loin en édictant des règles d’utilisation de ces 12 notes  (ou une partie de ces 12 notes) dans la composition musicale : chaque note ne devra être réutilisée qu’à la condition d’avoir auparavant utilisé chacune des autres. On parlera alors de musique sérielle puisque l’on doit utiliser les notes par séries.

Arnold Schönberg – Suite pour piano op. 25

Influence des musiques diverses

En Europe centrale et de l’Est, en Europe du Nord, en Espagne de nombreux compositeurs se sont tournés vers le folklore et la musique traditionnelle de leur pays pour y puiser des sources d’inspiration. La musique occidentale s’est ainsi ouverte à d’autres rythmiques et modes. En Amérique du Nord le jazz, issu du blues, a également été source d’inspiration. De nombreuses illustrations musicales en ont été proposés dans le chapitre consacré aux écoles nationales.

Innovation dans les formes musicales

La distinction entre musique instrumentale et musique vocale, musique profane et musique religieuse, musique de chambre et musique d’orchestre ; entre les différentes formes telles qu’opéra, concerto, symphonie… n’ont plus vraiment de sens dans la musique moderne et contemporaine. Si certains compositeurs écrivent encore certaines pièces se référant à des formes classiques, la diversité, l’innovation, le mélange des genres sont tels que ces repères habituels sont devenus peu utiles.

Recherche de matériaux sonores nouveaux

Des compositeurs tentent d’innover en faisant appel à de nouveaux matériaux sonores. Diverses pistes sont explorées. Certains mettent en avant des instruments généralement utilisés en second plan dans la musique classique tels que les cuivres, les percussions.

Edgar Varès –Ionisation

On fait appel à l’utilisation d’instruments de la musique traditionnelle pour obtenir de nouvelles sonorités. Edgar Varèse recherche des matériaux sonores inédits en musique en faisant primer le son sur la mélodie, ou bien encore en utilisant un instrument électronique nouvellement inventé, les ondes Martenot. Plus tard il mêlera des bruits enregistrés sur bande magnétique à des instruments traditionnels.

Edgar Varèse –Ecuatorial


Innovation rythmique

Alors que la musique occidentale classique use généralement de rythmiques régulières, on utilise désormais des rythmiques irrégulières.

On fait appel à la polyrythmie, c'est-à-dire que l'on superpose des lignes musicales dont la structure rythmique est différente.

Complément sur les rythmiques binaires et ternaires

Une rythmique binaire est basée sur une division du temps musical en multiples de 2, tandis que la rythmique ternaire est basée sur une division du temps musical en multiples de 3.
Concrètement, à l’oreille, voici ce que cela donne :

Enregistrement d’un rythme joué sur un rythme binaire

Enregistrement d’un rythme joué sur un rythme ternaire

Sur une mélodie, voici sur « Au clair de la Lune » les effets produits lorsque l’on joue sur un rythme binaire

et maintenant sur un rythme ternaire

On fait se succéder des périodes régulières et irrégulières, on use de déplacements d’accents.

Complément sur le déplacement d'accent

Pour bien comprendre les déplacements d’accents, il nous faut comprendre la notion de temps fort et temps faible. Dans la musique, certains temps sont accentués par rapport à d’autres, soit par un jeu plus intense de l’instrument, soit parce qu’ils sont perçus comme plus importants à l’oreille de l’auditeur. Lorsqu’un temps est accentué, on parle de temps fort, lorsqu’il ne l’est pas on parle de temps faible. On parle de déplacement d’accent lorsque l’on change le placement des temps forts pour les marquer sur des temps considérés comme faibles et inversement.
Voici une explication sonore. 

Dans l’enregistrement suivant, on entend des déplacements d’accents sur une rythmique à 2 temps : 1 et 2 et 1 et 2…
On entend d’abord l’accentuation sur les temps qui correspondent aux moments où l’on prononce les chiffres, puis l’accent est déplacé pour être marqué sur les temps qui correspondent aux moments où l’on prononce les « et », et ainsi de suite alternativement.

Voici la forme d’onde de l’enregistrement lorsque l’on accentue les temps correspondant aux moments où l’on prononce les chiffres:

 
et celle de l’enregistrement lorsque l’on accentue les temps correspondant aux moments où l’on prononce les « et »:

Sur ces images les temps forts et faibles sont visuellement perceptibles.

Béla Bartók – Allegro Barbaro (sz.4)


Le Néo-classicisme

Autour des années 20, en réaction au romantisme et au dodécaphonisme, des compositeurs se tournent vers la musique des périodes antérieures au romantisme pour y rechercher de nouvelles inspirations. Il ne s’agit pas de « copier » la musique telle qu’elle était mais d’en reprendre certains aspects pour les exploiter. Ce mouvement, que l’on appelle néo-classicisme, n’est pas homogène car c’est un mouvement en réaction qui emprunte des directions très différentes selon les compositeurs.

Quelques compositeurs et leur apport

Il convient de ne pas enfermer les compositeurs de la période moderne dans un genre précis, nombre d’entre eux s’étant essayé à différents genres au cours de leur vie. Schönberg par exemple a connu une période post-romantique avant de s’intéresser à l’atonalité puis à la musique dodécaphonique et sérielle. Stravinsky a connu une période néo-classique après s’être intéressé à la polytonalité et avant de se tourner vers la technique sérielle à la fin de sa vie.
Par ailleurs, même si les écoles nationales sont une réalité, beaucoup de musiciens ont été élèves de compositeurs d’autres pays ou régions du Monde, et les influences internationales sont fréquentes. Ravel a ainsi été beaucoup influencé par la musique espagnole, le jazz a beaucoup inspiré les compositeurs français. 

Russie

Igor Stravinsky a marqué le début du XXème siècle par son œuvre écrite pour un ballet, « Le sacre du printemps », qui fit scandale parce que certains considéraient cette musique, très innovante pour l’époque, comme une musique « sauvage ». Il a apporté la polytonalité, une approche rythmique nouvelle, mis en avant des instruments utilisés plutôt en second plan dans la musique classique. 

Igor Stravinsky – Le sacre du printemps


Sergueï Prokoviev, Dimitri Chostakovitch.

Autriche

Arnold Schönberg et ses élèves Berg et Webern nous ont apporté l’atonalité, puis le dodécaphonisme et la musique sérielle. 

Allemagne

Carl Orff, qui s’est beaucoup intéressé à la pédagogie musicale, s’est inspiré de sujets antiques et de musique médiévale.
    - Kurt Weill, influencé par le jazz.
    - Paul Hindemith, Karl Amadeus Hartmann

Europe de l’Est

- Les Hongrois Béla Bartók et Kodaly ont apporté à la musique classique moderne des modes musicaux et des rythmiques  empruntées à la musique traditionnelle de leur pays.
    - Le Tchèque Bohuslav Martinú.
    - Le Roumain Georges Enesco.

France

Claude Debussy a apporté des modes musicaux nouveaux. Sa musique a été qualifiée d’impressionniste en référence au mouvement impressionniste dans le domaine de la peinture, caractérisé par la volonté de mettre l’accent sur les impressions.
   - Maurice Ravel, qualifié lui aussi d’impressionniste, a eu recours aux dissonances, a utilisé la musique tonale, la polytonalité, a emprunté au jazz
   - Eric Satie a désacralisé la musique classique en affublant ses œuvres de titres humoristiques.
   - Darius Milhaud a été influencé par le jazz et a théorisé la polytonalité.
   - Arthur Honegger, Francis Poulenc.

Etats-Unis

Georges Gershwin et Aaron Copland ont introduit le jazz dans la musique classique.  
- Edgar Varèse a apporté de nouveaux matériaux sonores.
Charles Ives.
 
 

En résumé : La musique moderne, dans la première moitié du XXème siècle, se caractérise par de nombreuses innovations :
- La remise en cause de la manière dont la musique était conçue jusque là conduit à la polytonalité, le dodécaphonisme et la musique sérielle.
- La recherche de nouveaux matériaux sonores.
- L’utilisation de structures rythmiques nouvelles ou influencées par les musiques traditionnelles. 

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