La place des exercices systématiques

Les exercices systématiques, souvent décriés, peuvent être la pire comme la meilleure des choses. Ils sont indispensables et efficaces lorsqu’ils contribuent à étayer la maîtrise d’une notion en confrontant l’élève à de multiples situations dans lesquelles il sera amené à réfléchir sur les limites de cette notion, c'est-à-dire lorsque, en quelque sorte, ils font naître un doute légitime. Ils sont néfastes lorsqu’ils tendent à créer de la confusion entre des notions éloignées et qu’ils font naître un doute illégitime. Un exemple permettra de mieux comprendre.

On trouve fréquemment dans les livres ou fiches d’orthographe actuels des exercices du type : « Écris à la place des points ces, ses, c’est ou s’est. » Cet exercice on ne le trouverait pas dans de vieux livres d’orthographe, parce qu’il n’a pas de sens. Il produit en effet de la confusion en laissant supposer que ces quatre situations sont proches et lorsque l’on doit écrire [sé] ou [sè] dans une phrase, on peut légitimement hésiter entre ces quatre possibilités. Or nous avons en réalité deux situations très dissemblables, entre lesquelles il ne devrait y avoir aucune confusion possible : dans le cas de ces et ses, nous avons affaire à des déterminants, qui accompagnent donc un nom. Dans le cas de "c’est" et "s’est", nous avons affaire à des formes verbales qui structurent la phrase. Si un élève a la moindre hésitation entre ces deux situations, c’est qu’on lui a mal enseigné la grammaire. Lui proposer des exercices où ces situations dissemblables sont mises sur un même plan, sous prétexte d’un rapprochement phonétique, est absurde. C’est aussi absurde que de proposer un exercice permettant de distinguer un poisson d’un sous-marin sous prétexte que les deux se déplacent dans l’eau, car cela tend à accréditer l’idée qu’il puisse y avoir un rapprochement possible et sera source de doute. En revanche des exercices proposant de s’entraîner à distinguer les situations dans lesquelles on doit écrire "ces" ou "ses" d’une part, ainsi que celles dans lesquelles on doit distinguer "c’est" de "s’est" d’autre part, ont tout leur sens, car il existe une grande proximité grammaticale au sein de chacune de ces paires de termes. pédagogie français CM CE école primaire élémentaire cours fiches exercices

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