Un second PC de travail ou de secours: vieux PC

Du temps a passé depuis le début de la rédaction de l'article "Un second PC de travail ou de secours", et en matière d'informatique le matériel évolue très vite. Les tests des distributions Linux effectués précédemment répondaient à un cahier des charges très restrictif pour s'adapter à ce qu'on considérerait plutôt aujourd'hui comme un très vieux PC ou ordinosaure.

Il devenait nécessaire de faire évoluer les tests sur la base d'un cahier des charges et d'un matériel plus en adéquation avec ce que l'on trouve maintenant sous la dénomination de vieux PC. D'où la rédaction de ce second article qui permettra de tester des versions plus récentes de distributions Linux, certes peut-être moins légères que celles testées jusqu'à présent, mais convenant tout à fait à ces vieux PC que l'on trouve désormais. L'éventail des solutions s'en trouvera donc élargi. Ce sera ainsi l'occasion de tester des distributions dont l'installation a échoué sur le très vieux PC de test précédent. Bien entendu, les tests réalisés dans le premier article, renommé "Un second PC de travail ou de secours: très vieux PC" restent tout à fait pertinents, puisque ces distributions très légères s'adapteront forcément à un PC plus performant.

Les domaines où les choses ont énormément évolué, outre la puissance des microprocesseurs, sont les capacités de stockage, la quantité de mémoire RAM, et les capacités graphiques qui sont très importantes dans l'affichage des environnements de bureau et leur fluidité dans l'utilisation au quotidien.

Voici donc le cahier des charges modifié sur lequel seront évaluées les distributions:

1- Disposer d’une distribution Linux récente et moderne, dont le développement est toujours actif.
2- Disposer d’un bureau d’aspect agréable et « professionnel » que l’on peut aisément paramétrer à sa guise (apparence, taille et couleur des polices, etc.).
3- Disposer d’une partition indépendante à laquelle on puisse accéder très facilement en lecture et en écriture pour y ranger les fichiers et documents personnels.
4- Disposer d’un large choix de logiciels à installer par la suite.
5- Accès Internet par Ethernet.
6- Accès aisé à un réseau local sous Windows pour le partage de fichiers et d’imprimante.
7- Trouver facilement sur Internet des réponses aux problèmes rencontrés.
8- Disposer de tous les outils nécessaires dès l'installation de la distribution, ou avec peu d'installations complémentaires à faire par la suite, pour répondre au cahier des charges.

La machine de test:

Un PC Dell Dimension 5000 de 2005 dont la RAM a été étendue à 1,5 GO avec des barrettes no name (sans nom de constructeur)
CPU: Pentium 4 cadencé 2,8 GHz
Carte graphique ATI Radeon X300 Series - mémoire vidéo de 128 Mo
Un disque dur de 75 Go
Chipset son intégré à la carte mère.
Une carte réseau Ethernet PCI.
Un lecteur/graveur de DVD.
Ports USB 2.0

Les distributions testées

ToOpPy Linux 2.0

ToOpPy Linux nous revient dans une version 2, publiée fin août 2015. Rappelons que cette distribution appartient à la famille des Puppies Linux, distributions qui se veulent légères et rapides en se chargeant totalement en RAM. Elles sont optimisées pour fonctionner à partir d'un live CD ou USB, et peuvent également être installées sur un disque dur ou une clé USB, cette dernière solution permettant de disposer d'un système nomade utilisable sur n'importe quel PC.

ToOpPy Linux 2.0

L'installation se fait à partir du live CD ou USB. La procédure est assez simple et chaque étape est bien documentée par des informations relativement claires. Deux modes d'installation sont possibles, un mode classique et un mode frugal plus adapté à une installation nomade sur clé USB. L'installation ne devrait pas poser de problème à un débutant en cas d'installation sur un disque entier, mais il faudra s'y connaître un minimum dans les principes de partitionnement d'un disque pour une installation personnalisée. Cependant les personnes non familières avec la notion de chargeur d'amorçage risquent fort de connaître des difficultés par l'installation en deux étapes: une application pour l'installation du système, et une autre, qu'il faut ensuite aller chercher dans le menu, pour l'installation du chargeur d'amorçage.

Au premier démarrage sont proposés les paramétrages linguistiques, locaux et vidéo de la distribution. On accède à un environnement de bureau de bel aspect et l'on dispose d'un large choix de thèmes permettant de le changer complètement d'un simple clic. Par ailleurs de nombreuses petites applications en facilitent le paramétrage. Sur de nombreux points cette distribution se distingue de l'approche habituelle, et peut paraître déroutante, mais on l'apprécie de plus en plus à l'usage.

En haut de l'écran une barre de lancement rapide d'applications contient l'essentiel pour le fonctionnement du système. Une grande liberté est laissée quant aux principales applications à utiliser par défaut. Ainsi le premier clic sur la navigation Internet propose, outre un navigateur par défaut, de choisir d'installer le navigateur de son choix parmi les principaux navigateurs du marché.

Une barre d'outils accessible sur le bord gauche de l'écran donne accès à un système d'aide bien conçu (la bouée de sauvetage). On y trouvera les explications essentielles pour l'utilisation de l'environnement. De façon générale les applications disposent de l'accès à une aide bien documentée et compréhensible. C'est un des points forts de cette distribution.

L'icône de l'ordinateur au sein de la barre de lancement rapide donne accès aux éléments principaux de la distribution: matériel, configuration... C'est là que l'on pourra monter d'autres partitions. On peut également y accéder par un appui sur la touche F12.

Un ensemble d'outils permet de voir et d'accéder à un réseau local. Toutefois, si j'ai pu accéder sans souci à un partage réseau sur une Raspberry Pi avec une distribution Linux (Raspbian), il m'a été impossible, lors du test, d'accéder aux répertoires partagés d'une machine sous Windows 10 alors que cela ne pose pas de problème pour mes autres PC sous Linux. Un correctif est prévu dans les mises à jour du système.

Les partitions ou partages réseaux deviennent visibles dans le gestionnaire de fichiers une fois montés. Des outils facilitent le montage automatique de partitions ou de partages réseau.

La barre des tâches propose un menu en 3 parties ainsi qu'un accès direct à quelques outils fonctionnels.

J'ai constaté un problème curieux avec le gestionnaire de fichiers par défaut, Rox-filer: les noms des fichiers sont visibles, mais apparaissent en gris clair et sont inaccessibles aussi bien en lecture qu'en écriture. Il m'a fallu installer un autre gestionnaire de fichiers. Après un échange par mail avec le créateur de la distribution, j'ai découvert que le Rox-filer proposé n'est pas un gestionnaire de fichiers, mais... un visualiseur et ouvreur de répertoires: une fois sélectionné le répertoire voulu, il faut cliquer sur le bouton "Valider" pour l'ouvrir dans une autre fenêtre !

La compatibilité de ToOpPy avec la logithèque Ubuntu lui permet de disposer d'un riche choix de logiciels. Une application propose des raccourcis pour installer en un clic les logiciels les plus courants.

On trouvera aisément de l'aide en élargissant les recherches aux Puppy Linux dont ToOpPy fait partie. Il existe plusieurs forums francophones sur cette famille de distributions, et ToOpPy dispose d'un fil francophone sur les forums de murga-linux.com.

Un autre point fort de cette distribution c'est sa très grande légèreté lui permettant d'être installée sur une clé USB,et qui, combinée à une possibilité d'enregistrement du système sous forme de fichiers, permet une utilisation nomade avancée. On peut ainsi très aisément, par une simple option proposée au démarrage, disposer à partir de sa clé USB d'un système pré-adapté à des PC différents.

Temps de démarrage du système après installation complète sur disque dur: 42 s.
Occupation mémoire du système seul: 117 Mb.
Occupation mémoire du système en multi-tâches: Libre Office Writer, Libre Office Calc et visionnage d’une vidéo sur Youtube avec Firefox lancés en même temps donnent une occupation RAM de 583 Mb.

On trouvera des informations détaillées et les liens de téléchargement sur le site du créateur de la distribution: http://tooppy.linux.free.fr/

Ce que j'en pense:

Cette distribution n'est à mon avis pas destinée à ceux qui veulent disposer d'un environnement de travail sans prise de tête, c'est-à-dire permettant de disposer de tout ce qu'il faut pour travailler et naviguer sur Internet sans rien avoir à paramétrer ou installer. Ceux-là se tourneront plutôt vers la famille Ubuntu ou Linux mint qui en est dérivée.
   En revanche elle présente des atouts pour des débutants Linux qui n'ont pas peur de prendre le temps de se plonger dans les explications données, et ceux qui souhaitent découvrir un peu plus en profondeur leur système. Sa très grande légèreté permettra de l'utiliser sur de très vieilles machines capables toutefois de fonctionner avec un mode graphique autre que le système de base VESA (je n'ai pas réussi à la démarrer sur ce mode), ou bien encore sur des netbooks aux performances limitées.
   C'est également la solution idéale pour une utilisation nomade sur différentes machines avec la possibilité de retrouver un système adapté à chacune d'elles.

Mageia 5

Le choix d'un PC de test plus puissant permet d'essayer des distributions auxquelles je m'étais intéressé mais que je n'avais pas réussi à faire fonctionner sur le très vieux PC utilisé jusqu'à présent. C'est le cas de Mageia qui est une distribution majeure puisqu'elle fait partie des 10 distributions les plus visitées sur le site Distrowatch qui recense les distributions Linux existantes. Cette distribution est dérivée de la feue Mandriva et appartient à la branche Red Hat des distributions Linux, différente de la branche Debian dont sont issues les très connues Ubuntu et Linux mint. Sa version 5 a été publiée en juin 2015.

Aperçu de Mageia 5

J'ai choisi la version live DVD avec le bureau KDE, qui est, avec Gnome, le bureau proposé par défaut. La plupart des autres environnements de bureau sont disponibles, mais si l'on souhaite d'autres environnements que KDE ou Gnome il faudra faire une installation à partir du CD classique et non du live DVD.

L'installation est claire et propose une représentation graphique des partitions du disque dur afin d'aider au choix, bon point pour les moins aguerris dans ce type d'opération. Je choisis une installation personnalisée qui lance Gparted. Mes partitions étant déjà configurés, il me suffit d'installer le système sur celle que j'avais destinée à Mageia.

Au démarrage l'écran d'accueil ouvre une fenêtre proposant divers liens vers des sites ou forums proposant de la documentation et du support, ainsi que vers la communauté Mageia. Les novices sur la distribution trouveront ainsi toute l'aide nécessaire pour bien démarrer. Petit détail désagréable: lorsque l'on choisit le lien vers le tutoriel pour les débutants, on arrive sur une page en... anglais, alors que la distribution est française ! Certes un lien en début d'article renvoie vers une version française, mais c'est tout de même regrettable. A décharge on notera que la distribution est parfaitement francisée.

KDE est un environnement de bureau très paramétrable avec de nombreux effets visuels. Il n'est pas réputé pour être léger mais n'a posé aucun problème sur mon PC de test, une machine pourtant ancienne. Le déplacement et la manipulation des fenêtres restent très fluides.

Dans la barre des tâches on trouvera deux icônes lançant des applications permettant d'à peu près tout paramétrer: l'une pour tout ce qui concerne le matériel et le système, l'autre pour tout ce qui concerne l'apparence et la gestion du système. Ces deux centres de contrôle facilitent grandement l'administration de l'ordinateur.

La distribution dispose de tout ce qui est nécessaire pour la bureautique et la navigation Internet sans rien avoir à paramétrer ou installer. Les plugins vidéo flash sont présents et c'est la suite Libre Office qui est proposée.

La connexion Internet a été automatique. La partition NTFS du disque dur dédiée au stockage de fichiers est reconnue et partagée sans problème dans le gestionnaire de fichiers, ainsi que les partages réseau. Mais à l'usage, j'ai eu une mauvaise surprise. Les partages réseau ne sont pas montés, et la lecture des fichiers et de leur structure est particulièrement lente et n'est pas mémorisée, ce qui fait que chaque reconnexion conduit de nouveau à une très lente recherche. L'application du centre de contrôle permettant d'effectuer le montage et de le lancer automatiquement au démarrage a échoué à le faire correctement. Il m'a donc fallu modifier manuellement le fichier /etc/fstab avec des paramètres personnalisés, opération qui ne sera pas à la portée des débutants sous Linux.

Temps de démarrage du système: 1 min 40 s
Occupation mémoire du système seul: 563 Mo
Occupation mémoire en multi-tâches (Lecture d'une vidéo en flash sous Firefox, Libre office Writer et Libre Office Calc ouverts): 997 Mo.

Ce que j'en pense:
Cette distribution permettra à des débutants complets sous Linux de disposer d'un système complet prêt à l'emploi sans rien avoir à installer ou paramétrer. Elle est visuellement très agréable et hautement paramétrable. Une excellente alternative au remplacement d'XP sur un vieux PC à condition de disposer de suffisamment de mémoire vive. Le problème d'accès aux répertoires partagés sur un réseau peut toutefois être un souci pour les débutants.

Ubuntu unity 14.03 LTS

Nous allons tester Ubuntu 14.03 LTS, une distribution majeure récente de Linux, dans un environnement de bureau non réputé économe, Unity,  afin d'en évaluer l'usage sur un vieux PC de plus de 10 ans. LTS (long time support): version dont le support est assuré sur une longue période (5 ans après sa publication).

Ubuntu Unity

L'installation suit une procédure commune aux distributions basées sur Ubuntu. Elle est très simple si on accepte les conditions par défaut, simple si l'on veut personnaliser, à condition de s'y connaître dans le système de gestion des partitions de Linux.

En live, le clavier et l'interface ne sont pas en français. Etonnant pour une distribution majeure. Linux mint par exemple, qui en est issue, est en français en live. Ce peut être perturbant pour des non anglophones.

L'interface de bureau Unity offre une expérience différente de celles que l'on rencontre habituellement sous Linux, ou sous Windows. Pas de menu démarrer classique ; la barre de notification est en haut ; sur la gauche de l'écran une barre de lancement rapide avec les icônes de Libreoffice pour la bureautique, les différentes partitions présentes, le gestionnaire de fichiers, les paramétrages de l'environnement. Autre particularité, le menu des fenêtres s'affiche dans la barre du haut et uniquement au survol de la souris, et non dans le fenêtre elle-même, ce qui est surprenant lorsque la fenêtre est en taille réduite. Mais les paramètres permettent de revenir à un comportement plus classique.

Le menu principal se présente sous forme d'un centre de recherche. On ne navigue pas dans des catégories, on saisit des mots clés correspondant à ce que l'on désire faire. C'est déroutant au départ, mais efficace à l'usage. Il n'est en effet pas nécessaire de connaître le nom d'une application pour la trouver; il suffit de saisir un mot clé en rapport avec son usage. Par exemple "disques" nous permettra de trouver l'éditeur de disques ainsi que l'analyseur d'usage des disques. Sont également proposés des liens Internet ou des suggestions d'applications supplémentaires que l'on pourra directement télécharger si on le souhaite. C'est l'équivalent de Cortana sous Windows 10, mais je l'ai trouvé autrement plus efficace. Avec Cortana il faut que le mot clé soit un des éléments du nom de l'application pour que Windows la trouve.

L'accès aux autres partitions du système se fait très aisément, avec un montage automatique. L'accès aux partages réseaux est tout aussi aisé, le gestionnaire de fichiers présentant une option de parcours du réseau dans son panneau latéral de navigation.

L'usage est très fluide sur mon PC de test, pourtant de 2005.
Temps de démarrage: 1 min 10 s, sur un superbe... écran noir qui fait se demander si le PC n'est pas bloqué ! Problème avec mon PC ou faute ergonomique ?
Occupation mémoire du système seul: 360 Mo
Occupation mémoire en multi-tâches (Lecture d'une vidéo en flash sous Firefox, Libre office Writer et Libre Office Calc ouverts): 840 Mo.

Ce que j'en pense : Ubuntu, qui est l'une des distributions Linux les plus installées, est, dans sa version proposée de base, utilisable sans problème sur un très vieux PC pourvu qu'il dispose d'une quantité de RAM suffisante. On n'a donc aucune raison de se restreindre à des versions moins gourmandes. Le choix sera principalement dicté par l'aspect et l'ergonomie des différents environnements de bureau. A chacun de trouver celui qui lui convient le mieux en fonction de ses usages de l'informatique. Avec cette distribution on pourra pratiquement tout faire sans connaissance ou intervention technique. Avec une approche différente du bureau classique, Unity propose une autre expérience. Son centre de recherche est incontestablement une réussite.

TABLEAU DE SYNTHESE DU TEST DES DISTRIBUTIONS LINUX POUR UN SECOND PC DE TRAVAIL OU DE SECOURS : VIEUX PC
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 Cet article sera complété au fur et à mesure du test d’autres distributions.